Petit plaisir de la course par Martine Lessard

Publié le 4 octobre 2016

Plaisir olympique

Mes premiers souvenirs de Jeux olympiques remontent à 1984. Je me souviens d’avoir vu Gaétan Boucher remporter ses médailles aux Jeux de Sarajevo durant l’hiver. Et l’été suivant, je me rappelle d’avoir regardé Sylvie Bernier plonger du tremplin de 3 mètres aux Jeux de Los Angeles sur le téléviseur noir et blanc de la roulotte où nous passions nos étés. C’est sous l’influence de cette médaille d’or que nous nous élancions par la suite du tremplin de la piscine du camping pour tenter d’imiter la plongeuse du Québec.

Canada's Gaetan Boucher participates in a speed skating event at the 1984 Winter Olympics in Sarajevo. (CP PHOTO/COC/O. Bierwagon) Gaétan Boucher du Canada participe au patinage de vitesse longue piste aux Jeux olympiques d'hiver de Sarajevo de 1984. (Photo PC/AOC)

Depuis ces Jeux, j’ai toujours aimé la frénésie que représentent ces deux semaines de compétitions. Jusqu’en 1992, il y avait deux fois durant la même année où je pouvais me soûler de toutes sortes de performances, de m’émouvoir des réactions de fierté des athlètes. Je dois avouer que j’aime bien la formule actuelle d’avoir des olympiades tous les deux ans.

Ayant pratiqué un sport d’hiver durant ma jeunesse, j’ai toujours eu un peu plus d’engouement pour les Jeux d’hiver. Il y avait plus de sports différents qui arrivaient à capter mon attention. Il pouvait être difficile pour mes parents de détourner mon attention de la télévision durant les deux semaines du mois de février que duraient les Jeux.

C’était un peu différent durant les Olympiques d’été. Peut-être est-ce en raison de ma première expérience, mais je ne voulais pas manquer le plongeon et je regardais également un peu de natation. Comme une bonne partie de la population mondiale, je ne voulais pas rater celle que l’on qualifie d’épreuve «reine»: le 100 mètres. Honnêtement, c’est la seule compétition de l’athlétisme qui m’intéressait.

J’ai souvenir de voir Ben Johnson franchir la ligne d’arrivée en première place aux Jeux de Séoul, mais aussi la déception de savoir qu’il avait triché et qu’ainsi il n’aurait pas la médaille d’or. Malgré toute l’incertitude face aux allusions de dopage des sprinteurs, j’ai toujours regardé ces 10 secondes avec excitation. Je peux revivre facilement les frissons que j’avais eus lors de la victoire de Donovan Bailey aux Jeux d’Atlanta. Et que dire de la victoire du relais 4 x 100 mètres avec la présence du Québécois Bruny Surin!

Canada's Donovan Bailey (foreground) and Bruny Surin compete in the men's 4x100m relay at the 1996 Atlanta Summer Olympic Games.(CP Photo/COA/ Claus Andersen) Donovan Bailey et Bruny Surin (de gauche à droite) du Canada participent au relais 4 x 100 m aux Jeux olympiques d'Atlanta de 1996. (Photo PC/AOC)

Mon initiation à la course à pied date du printemps 2013, soit environ 6 mois après la fin des Jeux de Londres. Je n’aurais pas pu dire à cette époque que mon engouement pour la course à pied allait modifier mes intérêts pour les Jeux d’été de Rio 2016. Bien évidemment, comme pour les autres Jeux d’été, je savais que je n’allais pas manquer les différentes épreuves de natation et voir la performance de Michael Phelps, puis me laisser transporter par les périlleux et vrilles de nos plongeurs canadiens au 3 mètres et à la tour de 10 mètres.

Ce que la course a changé dans mon suivi des Jeux, c’est que rapidement, j’ai voulu savoir quand aurait lieu les marathons féminin et masculin. J’ai même inscrit un rappel à mon agenda afin d’être en mesure d’au moins voir le départ et l’arrivée de ces deux épreuves. Rapidement, j’ai constaté que mes différentes compétitions de course à pied m’ont rendue curieuse de voir le temps qu’allaient faire les coureuses du 10 000 mètres (eh oui, c’est un 10 km!) et le temps au 5 000 mètres également.

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J’ai été impressionnée par le résultat de celle qui a remporté le 10 000 m en 29:17, ce qui correspond à mon temps moyen d’entraînement sur un 5 km! Impressionnée aussi du temps des Canadiennes sur cette distance. J’ai vite réalisé que ces coureuses, qui sont maintenant des modèles pour moi, courent deux fois plus rapidement que moi, mais j’aime observer leur foulée. Je me suis même permis de dire à mon conjoint que j’avais l’impression de mieux comprendre ce qu’un joueur de hockey de 12 ans pouvait ressentir en regardant Sydney Crosby marquer le but vainqueur aux Jeux de Vancouver en 2010.

Quelle inspiration de voir Lanni Marchant compléter le marathon chez les femmes après avoir terminé l’épreuve du 10 000 mètres deux jours plus tôt. De prendre conscience que Krista DuChene, l’autre Canadienne qui participait au marathon, a 39 ans et est mère de trois enfants (dont le dernier en 2011). Je sais maintenant le temps de préparation que demande la participation à un marathon (pour une coureuse du dimanche), alors j’admire cette athlète qui est en mesure de concilier vie familiale et entraînement de haut niveau. Sa présence sur la ligne de départ m’impressionne, alors je suis sans mots face à son temps de 2:35:29.

rio-steeple

Mon nouvel engouement pour les épreuves m’a même amenée à suivre le 3000 m steeple et y voir une coureuse terminer la course en sprint avec un soulier en moins. D’apprécier la troisième place de l’Américain au marathon masculin après avoir fait une belle course au 10 000 mètres également.

Bref, la course à pied m’a fait découvrir un tout autre pan des Jeux. Toutes ces épreuves de course en tout genre ont su m’inspirer, mais également renouveler mon plaisir olympique. Je suis certaine que lors de prochaines compétitions, j’aurai une pensée pour tous ces athlètes qui ont su m’insuffler du plaisir!

Martine Lessard pour Courir.org
Courriel: martyrun@videotron.ca

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