Ces mille pas par Laurianne Roberge

Publié le 16 février 2019

New Year, New Me | Faut qu’on se parle

Les cours ont repris cette semaine à l’Université Laval. En allant m’entraîner au Peps mercredi midi, j’ai trouvé qu’il y avait beaucoup, beaucoup, beaucoup de monde. Tu y étais aussi, d’ailleurs. La piste était bondée, ça m’irritait. Disons simplement qu’en général, je préfère la quiétude pour souffrir par intervalles.
Quand on pratique un sport très souvent et qu’il devient une partie intégrante de notre vie et de notre personnalité, on oublie parfois les raisons qui nous ont poussé à commencer à le pratiquer au départ. Maintenant, je ne me pose plus de questions: je cours pour mieux courir. C’est autotélique. Ma motivation se puise en la course elle-même, en sa réalisation pure et simple.
Mais en te regardant ce midi-là, en te voyant courir autour de la piste, mon agacement de départ face à cette pièce bondée a plutôt fait face à de l’admiration. Parce que si tu étais là, à courir en rond, c’est que lorsque janvier s’est pointé le bout du nez, tu as décidé de te remettre en forme et d’être plus actif. Tes écouteurs aux oreilles, ton téléphone en main, tu t’essouffles, pas après pas, tu respires fort, tu transpires, tu t’actives. À chaque tour de piste, tu te choisis.
On est le 19 janvier. Ça fait bientôt trois semaines que tu as commencé à intégrer l’entraînement à ta vie. C’est super. Tu es hyper motivé, tu veux en faire plus, toujours. Tu suis le plan à la lettre. Tu deviens accro, tranquillement. Les endorphines sont désormais tes bonnes amies, elles qui n’avaient flirté avec ta tête que très sporadiquement ces dernières années. Maintenant, tu dors mieux, tu te sens neuf, oxygéné, vivant. Tes jours de repos, tu les jetterais à la poubelle et tu enfilerais tes souliers pour en faire encore plus. Mais tu te retiens. Même si ça te démange. Le plan c’est le plan.
Laisse-moi juste te mettre en garde. Oui, on dit souvent que le premier pas est le plus difficile. C’est vrai… en partie. Décider de t’y mettre, de changer tes vieilles habitudes bien ancrées et parfois bien rouillées, je te l’accorde, c’est effectivement une grande décision. Mais là, tu as le vent dans le dos, c’est tout récent. Tu voles encore. C’est un peu comme un marathon. Sur la ligne de départ, on est tous frénétiques: le premier pas, c’est tout ce qu’on attend. Pendant une heure, on lévite, sans effort. Après 30 kilomètres cependant, ça devient un peu moins évident. Il faut se parler et ne pas tout prendre pour acquis. Pour toi aussi, il y aura fort probablement un moment où ta motivation baissera. Ton vol sans turbulences piquera des ailes. C’est normal. Ne t’inquiètes pas et, surtout, ne baisse pas les bras. Il faut simplement que tu persévères et que tu continues. N’oublie pas, un cerveau humain, c’est fondamentalement paresseux. Alors parfois, il faudra que tu causes à ta boîte crânienne et que tu fasses la sourde oreille suite à ses demandes insistantes. Dans ces moments-là, remémore-toi les raisons qui t’ont poussé à changer. Entoure-toi d’autres passionnés. Fixe-toi des objectifs à atteindre. Prends des notes sur tes entraînements.
Je veux simplement que tu saches que ce n’est pas un chemin tracé d’avance. Ce ne sera pas une route qui sera bien aménagée et qui t’accueillera sans embûches. Les résultats ne sont pas toujours là. Les déceptions feront partie du processus. L’attente aussi. Mais au final, je pense que c’est ça qui en vaut la peine. C’est cette espèce de montagne russe qui nous pousse à travailler fort, constamment, et à regarder le chemin parcouru, au lieu de se motiver avec une finalité qu’on n’atteindra peut-être jamais, en fin de compte. Quand tu arrives au sommet d’une montagne, ce qui est grisant, c’est de regarder derrière, de voir, bien haut, toute la route que tu as parcourue. Ce qui te comble, ce n’est pas de contempler le petit panneau brun crochu qui indique l’altitude. C’est la vue, les souvenirs, la satisfaction de l’effort.
C’est cliché, mais c’est ça. Profite de la balade. Et n’oublie pas pourquoi tu as décidé de changer. Garde ça en toi. Amuse-toi.

Félicitations de t’être choisi(e).
Laurianne Roberge pour Courir.org
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