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Ces mille pas par Laurianne Roberge

Publié le 25 septembre 2017

Et si | Récit du 80K de La Chute du Diable

3:00 AM

L’alarme retentit. C’est rough. La nuit a été courte. Je m’assieds sur le bord du lit. Ma tête va exploser. J’avais souhaité que cette fichue saleté me fiche la paix pendant la nuit, mais parasitaire, la migraine qui me tétanisait la veille est demeurée bien au chaud au creux de mon crâne. Eh merde.

Je me lève. Ça tourne. J’ai des hauts le coeur. Je suis congelée. Tout pour bien démarrer une journée qui sera affreusement longue. La seule pensée de courir pendant 12-13h me rebute totalement ce matin, alors que pendant les 9 derniers mois, elle me motivait à fond et me poussait au dépassement, entraînement après entraînement.

Est-ce que j’ai envie de prendre le départ dans cet état? Mon coeur me dit non. Cependant, ma tête et Greg me disent d’essayer, et de voir où ça me mène.

Soit. Je déjeune à contre-coeur. L’heure avance et le départ approche. J’anticipe déjà la journée. À ce moment-ci, j’estime me rendre au premier ravito et arrêter par la suite. Ça ne file vraiment, mais vraiment pas.

4:00 AM

Greg et moi sortons du chalet. On gèle. À une heure du départ, il fait encore terriblement froid. La ride pour se rendre n’est pas bien bien longue, une dizaine de minutes à peine. Arrivés au stationnement, on prend la navette qui nous mène au site. Je dois être semi-comateuse parce que je n’ai aucunement conscience de la p’tite trotte en autobus.

Débarquer. Aller à la tente des coureurs. Déposer les sacs. Machinale. Me départir avec tristesse de mes deux gros chandails chauds. Une expérience thermale sans aller au spa, quoi. Se diriger à l’Amphithéâtre pour le discours d’avant-course. Le cerveau est à off.

5:00 AM

Nous sommes 80 coureurs à prendre part à la folie du 80 km de La Chute du Diable. Je dis folie, car s’en est une. Je pense que ça ne viendrait à l’esprit de personne de sensé de courir pendant 10, 12 ou même 14 heures en sentier. Mais apparemment, il n’y a rien de plus normal pour la p’tite gang de fous réunis ici ce matin. Tous ornés de nos lampes frontales, on écoute avec attention les consignes de Mario, le directeur de course. Il nous parle de guêpes, d’ours et du diable. Well.

Le départ

La migraine est passée. L’adrénaline l’a peut-être chassée. Je suis fébrile. Finalement, ça va être une belle journée. Le plan? Y aller mollo, profiter des descentes et des plats, me ménager un peu plus en montée et avoir du fun. Voilà. Pour le reste, on verra en temps et lieux.

 

Il est 5:00. C’est le décompte.

 

3…2…1… BONNE COURSE TOUT LE MONDE!

 

Et voilà. C’est parti! Avec un gros sourire, je m’élance dans la noirceur en compagnie des autres coureurs.

 

Départ – Lac-en-croix (0 – 12)

 

C’est mon premier départ à la frontale, et c’est absolument incroyable. On court en petite file indienne, n’existant que dans la lueur de nos lampes. La noirceur nous entoure et s’immisce entre les coureurs. C’est une atmosphère magnifique. Chaque respiration se cristallise dans la fraîcheur matinale. Il faut dire qu’à 2 degrés, le point de congélation n’est pas très loin! Et mes petites mains me chicanent de ne pas avoir emporté de gants avec moi au départ. Disons simplement que tenir des bâtons de métal n’est pas une expérience très agréable pour le moment.

 

Après environ 1h de course, je tourne ma tête pour observer la forêt qui nous abrite. Le soleil commence à surgir et teinte le ciel d’une couleur légèrement rosée. Le sol trempé libère un peu de son eau et s’évapore aussitôt, balisant le sentier de sa brume éphémère.

 

On arrive déjà à la descente de la «Montée du Purgatoire» (qu’on devra ensuite remonter avec 70 km dans les jambes, car le trajet est un aller-retour). Une descente technique qui se fait sans accroc. Traverse ensuite le petit pont et… c’est la montée de la «Descente aux Enfers». Yé! Sortir les bâtons et s’atteler à la tâche. Ça monte, mais disons que mon 50K à Orford m’aura bien préparée pour ce genre de montée!

 

Une section plus roulante se dessine devant. Tout se déroule à merveille et le premier ravito est déjà tout près!

 

Je remplis mes gourdes, dépose ma frontale dans mon sac et mange un peu. Dévorer des chips à 7h du mat’, c’est juste dans un ultra que tu vas voir ça! En prenant un peu plus mon temps, Sylvain (un collègue de la Maison de la Course) et son frère, Stephan, nous rejoignent Greg et moi. On décide de tous repartir ensemble pour la prochaine section.

 

Lac-en-croix – Abri Roland Leclerc (12.1 à 20)

 

C’est reparti! En petite gang, c’est encore plus plaisant. Les gars ont de la jasette, ça anime la course. On arrive dans une superbe section. Un beau sentier single track roulant, roulant, roulant. Les pas s’enchaînent fluidement. C’est hyper plaisant. Je pourrais continuer comme ça toute la journée! La tête et le corps suivent bien. J’en profite pendant que c’est là. Parce qu’en ultra, si ça va bien, c’est sûr que ça va aller mal à un certain moment. Assuré. C’est comme dire que pile je gagne et face tu perds. C’est une certitude.

 

Les 8 km qui séparent les deux ravitaillements ont passé en coup de vent. Tellement, qu’on est déjà rendu au 20e km. Et déjà, à 500 mètres du ravito, ça sent le pain brûlé.

 

Abri Roland-Leclerc – Huppé (20-28)

 

Définitivement mon coup de coeur de bénévoles. Une belle équipe sympathique qui nous cuisine des grilled-cheese à 8h30 dans le froid polaire. Non mais, faut le faire! Je m’enfile du Coke, des chips, du melon, des oranges, des pretzels et fais des petites provisions pour reprendre la route. Le prochain ravitaillement solide ne sera qu’au 37e, à l’accueil des Pins-Rouges, alors mieux vaut emporter un peu de nourriture avant de tomber à sec.

 

Après environ 10 minutes, on reprend la route. Le sentier nous écorche rapidement avec d’abruptes montées. Greg envie mes bâtons. Avec raison. Cours, marche, grimpe pendant quelques kilomètres et on arrive à une descente assez casse-cou. Je tente d’utiliser mes talents inexistants en ski pour glisser jusqu’en bas en me freinant avec mes bâtons. J’aurais aimé assister à ça. Avec du popcorn.

En bas de cette descente, les chemins s’élargissent pendant une bonne trentaine de minutes. On peut enfin commencer à regarder autre chose que le sol. On court en bordure d’un magnifique lac. L’air est encore frais.

Sylvain me demande si le pace est bon. Je lui réponds par l’affirmative. Tout est parfait.

Huppé – Accueil Pins-Rouges (28 – 37)

Je regarde le temps. Il est 9h45. Ça me frappe en pleine face: on va être serré. Les coureurs du 80K ont 14h pour compléter la distance. Mais on doit aussi arriver à certains ravitaillements avant un certain temps. Le premier cut-off est à 11h au ravitaillement des Pins-Rouges. On a donc 1h15 pour courir 9 km. Sur route, ce n’est pas un problème. Là, c’est une autre game. Le vent a changé de sens. C’est un contre-la-montre.

On a perdu le frère de Sylvain depuis un petit moment déjà. Mais l’attendre nous couperait tous au ravito du 37e. Alors on repart.

Si on avait pu courir sur un sentier de VTT, ça aurait grandement aidé. Là, à peine 200 mètres après s’être remis en route, on entre dans d’autres sentiers techniques. Et ça recommence à monter. Merde! L’inquiétude fait surface. Je ne me suis pas entraînée tout l’été pour me faire couper au 37e! Même pas à mi-parcours! J’embreille. On commence à croiser les coureurs du 50K. C’est encourageant. Je croise des clients, des amis, des lecteurs qui n’ont que des bons mots. J’accélère et perd Sylvain et Greg en arrière. Mine de rien, j’avoisine les 5:05/km dans cette section! Ça va bien!

 

Tu ne t’enfuiras pas comme ça Laurianne!

 

C’est Sylvain qui me rejoint. Greg s’est fait mal à une cheville. Virée sur une racine hypocrite. C’est l’hécatombe. On dirait les «Dix Petits Nègres», d’Agatha Christie. N’en resta plus que deux. On roule. À un certain point, je le laisse aller. Le découragement commence à me gagner. Je marche un peu, mais me remets rapidement en route. Ce n’est pas le temps de baisser les bras. Bouge! Essaie du plus fort que tu peux d’arriver avant 11h! GO!

 

10h45, 36e. Il me reste 1 km à faire. Je plante solide. Mes bâtons revolent loin devant en prenant soin de m’écorcher le tibia droit dans leur élan. Super. Je me relève et repars.

 

Je pousse.

 

Accueil des Pins-Rouges – Accueil des Pins-Rouges (37 – 47)

 

10h55. J’arrive au ravito. Sylvain est là depuis 2-3 minutes. Mais qu’est-ce qui vient de se passer? On n’a pas chômer! On a couru les 37 premiers kilomètres en 5h55 et on est à 5 minutes de se faire couper!? Ça me scie en deux. Je mange rapidement. Je ne suis pas tout à fait là. La dernière portion m’a un peu épuisée. Sylvain repart en marchant pour que je puisse le rejoindre.

 

Les bénévoles me disent que les premiers coureurs ont réalisé la boucle de 10 km en environ 1h. Je décide de laisser mes bâtons dans mon sac. Dans ma mémoire, cette section est assez plate. Erreur.

 

Parce que ça monte. Une esprit de montée chiante. Large. En galets. Je considère même retourner chercher mes bâtons. Et puis non. J’assume.

 

On a deux heures pour compléter la boucle. Ça nous mènerait à 13h au ravito. Ça, ce n’est pas stressant. Ce qui l’est, c’est qu’il nous resterait seulement 6h pour faire le trajet de retour. 6h pour 35 km avec déjà 47 km dans les jambes, alors que l’aller nous en a pris 5h55.

 

Le problème, c’est aussi qu’on sait exactement ce qui nous attend.

 

Et je pense que Sylvain a les mêmes réflexions que moi.

 

L’idée d’abandonner m’avait trotté dans la tête à quelques reprises déjà. Mais sans plus. Elle est passée en coup de vent et je l’ai chassée aussitôt.

 

Mais à ce moment-ci, au 41e kilomètre – soit précisément à mi-parcours – elle est revenue faire son tour. Plus forte que jamais.

 

J’aime souvent me représenter l’Homme comme une entité régie par un ange et un démon.

 

À cet instant précis, au milieu du sentier, je suis littéralement l’incarnation de cette représentation.

 

Après tout, la course porte bien son nom: La Chute du Diable.

 

Abandonner. C’est amer en bouche. Ça fait presque mal à dire. Ça brûle. Surtout que le corps va bien. Le corps n’a absolument aucune raison d’arrêter. Il est top shape.

 

C’est la tête qui est défaillante. L’esprit se torture. Il se remet en question.

 

D’un côté, maudit que j’y ai rêvé à cette course. J’en ai bavé pendant si longtemps. Ça fait 9 mois que je suis inscrite, que je m’entraîne en prévision de cet ultime défi. Ça fait 9 mois que je crie sur tous les toits que je vais compléter un 80K. Que je vais aller la chercher ma foutue médaille. Je pense à mes parents qui vont venir me voir, qui vont m’acclamer au fil d’arrivée, qui vont être fiers de leur fille. Je pense à la fierté de parcourir une telle distance. Je pense à tous les efforts investis dans l’entraînement, à tous les sacrifices, toutes les soirées écourtées, tous les matins passés à courir. Je pense au blogue, à la merveilleuse histoire que ça fera, à vos félicitations. Je pense à tout ça. Puis, je pense à moi.

 

Je pense à mon histoire d’amour avec la course à pied. Je pense au bonheur que ce sport me procure et m’a procuré. Je pense à la raison pour laquelle je cours. Je pense au plaisir que j’en tire. Et ça me vient, tout simplement:

 

Je n’ai absolument aucun plaisir à être ici présentement. Aucun. Ça fait 7 heures que je cours. J’ai trippé pendant 30 km. Là, je me fais souffrir.

 

En continuant, oui, j’aurais la fierté de dire que j’ai fait 80K. Mais à quel prix? J’ai 20 ans. J’ai la vie devant moi. J’ai l’ambition, la détermination. Mais pas aujourd’hui.

 

Au 42e, je prends la décision d’arrêter. Je termine la boucle qui m’amène jusqu’au 47e. J’arrive, tout sourire.

 

J’arrête. Le bénévole semble surpris. Oui, j’abandonne.

 

“Tu es sûre?”

 

Oui.

 

Je m’éloigne. C’est fini.

 

Je suis soulagée, mais j’ai les yeux plein d’eau. C’est difficile. J’appelle mes parents pour leur dire de ne pas venir. Que j’ai décidé d’arrêter. Le fun s’est assis sur une bûche entre le 32e et le 35e km. Un petit sanglot trahit ma déception. Mais au fond, j’en suis convaincue: c’était la bonne chose à faire.

 

Est-ce que j’aurais retrouvé ma tête, mon plaisir et ma motivation? Peut-être. Je ne le saurai jamais.

 

Est-ce que l’abandon est la solution facile? Absolument pas. Absolument. Pas.

 

« Des fois, je me demande s’il faut plus de courage pour continuer quand on n’en peut plus, ou pour arrêter en avouant qu’on n’en peut plus. » (Yves Boisvert, Pas)

***

 

Merci à Mario, Peggy et Éric pour l’organisation hors-pair. Merci aux bénévoles pour vos sourires, vos encouragements et votre bonne bouffe. Merci à Sylvain, Stephan et Greg, avec qui j’ai couru pendant une bonne partie de la course.

 

Félicitations aux coureurs qui ont complété la course. Vous êtes des brutes.

 

Merci à tous pour vos bons mots. Ça me touche.

Laurianne Roberge pour Courir.org
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