Jean-Claude rencontre Claude Létourneau

Publié le 6 avril 2013

Voici le texte de présentation de notre dernier québécois membre du Club Cent’Or, à ce jour. Claude Létourneau est né à Victoriaville, en octobre 1946. Ayant étudié à Québec, en soins infirmiers, il y a fait carrière. À trente ans, il tombe en amour avec le marathon. Comme la majorité des premiers marathoniens québécois, c’est cette épreuve présentée à la télévision dans le cadre des Jeux Olympiques de Montréal qui allume sa flamme. Puis, les reportages télévisés des premières éditions du marathon de Montréal de 1979 et 80, avec le regretté Richard Garneau, le motivent au point de passer à l’action. «Il parlait du mur et ça me fascinait. Je voulais vivre le marathon pour comprendre de quoi il s’agissait…»

Claude amorce son entraînement en utilisant le seul petit guide disponible et commandité par Les producteurs de lait du Québec, intitulé «Vivre en forme, de la marche à la course». Jo Malléjac, alors directeur technique de la Fédération d’athlétisme, était le concepteur du programme d’entraînement inclus et qui a servi de référence à tant de coureurs à l’époque. «J’ai utilisé ce petit guide de 1981 à 88, car je courais seul durant cette période.»

À la veille de ses trente-cinq ans, Claude réalise 3h 57 à son premier marathon, en 1981, puis 3h 33 en 1983. «Par contre, en 1988, je ne peux faire mieux que 4 heures, ce qui m’a conduit à me poser des questions. C’est alors que j’ai joint le club La Foulée de Québec, fin 88.»

«Ceci me permettra de m’entraîner avec Roger Goulet, Gilles Lamontagne et bien d’autres excellents coureurs de marathons. C’était agréable puisqu’il y avait des groupes de mon calibre. Ça m’a relancé de plus belle. D’ailleurs, je réalise mes meilleurs temps en 1990 : 3h 07 à Boston, 3h 02 à Ottawa, mon record personnel, et 3h 06 à Montréal.» Soulignons qu’à cette époque, les puces électroniques n’existaient pas encore. Ce sont donc des temps bruts, comme on dit dans le jargon…

Claude se rappelle avec satisfaction les 7 marathons courus en 1993 avec une moyenne de 3h 08.

En 1997, il totalise dix (10) marathons et onze (11), l’année suivante. Autres temps forts de sa carrière, ce seront sans nul doute ces deux occasions où il complète deux marathons en deux jours. D’abord pour fêter ses 50 ans ou presque, il court le 4 octobre à Bristol au New-Hampshire et le 5, à Portland, Maine. Un an plus tard, les 17 et 18 octobre, il fera South Hero, Vermont, en 3h 27 et, le lendemain, 3h 19 à Albany, État de New-York.

«Cela a très bien été à ces deux occasions. On était un petit groupe de coureurs avec Roger (Goulet) et Gilles (Lamontagne), et leur présence a été pour moi une grande source de motivation. On courait et performait, mais dans le plaisir et la vie de groupe entre amis était des plus agréables. Le 27 juin 1998, j’ai aussi couru un ultra marathon, soit 100 km à St Catharines, ON, avec départ à Niagara on the Lake.»

«Aujourd’hui, j’apprécie chacun des marathons que je peux toujours faire. J’espère me qualifier encore plusieurs années afin de pouvoir participer au marathon de Boston. J’aime courir et j’ai du plaisir à le faire. Les temps sont moins bons, mais je l’accepte. Ce qui compte maintenant, c’est d’être un exemple pour les plus jeunes.» On reconnaît en Claude, l’infirmier de coeur et de passion. La santé pour lui, c’est précieux et il veut continuer d’apporter son aide par le geste.

«À mon âge, c’est une fierté de pouvoir être un modèle. J’ai un neveu qui vient de réaliser un premier marathon l’an dernier. Ses deux enfants ont couru respectivement, le 2Km et le 5Km. Ils mettent de la santé en banque et se préparent une belle qualité de vie. Pour ce père de trente ans, le fait qu’un gars de soixante-six ans court toujours des marathons, ça le stimule.»

Maintenant résident de St-Vallier dans le comté de Bellechasse, Claude se souvient qu’il y a douze ans, il était seul à courir dans la municipalité. Depuis trois ou quatre ans maintenant, il y a de plus en plus de gens adeptes, et ce, même en hiver. «C’est agréable d’en voir autant et de se croiser.»

Claude ne se contente pas des rues de la municipalité, il profite pleinement de la vue sur le Fleuve St-Laurent, l’Île d’Orléans et le Mont Sainte-Anne sur la rive nord, lors de ses longues sorties. Il utilise alors l’accotement aménagé pour les cyclistes le long de la route 132, l’ancienne route nationale qui longe le fleuve. «C’est sécuritaire même en hiver et je fais toujours face aux automobiles et, à la retraite, je peux courir le jour.»

Même s’il ne s’entraîne plus sur une base régulière à Québec, Claude s’y rend régulièrement, tôt le dimanche, afin de retrouver ses amis d’époque dont Roger et Gilles. Il quitte le domicile vers 6h 15 afin d’être du départ de 7h 15 pour réaliser une longue sortie de 30-32Km. Sinon, le départ est à 8h 15 pour un parcours de 20-25Km. Il court d’ailleurs à l’année peu importe la saison, si ce n’est pour une période de repos d’une quinzaine de jours plus tard à l’automne.

Je lui ai demandé quelle était sa préparation en prévision du marathon de Boston, ce 15 avril. «J’aurai réalisé quatre longues sorties de 30, 32, 34 et 30Km. Puis, ma routine étant de 90Km/semaine, je descendrai à 75, 60 et 50Km environ au cours des trois dernières semaines. Ceci me permet de me reposer en prévision du jour J. De plus, je privilégie les côtes plutôt que le travail par intervalles sur piste afin de diminuer les risques de blessures.»

L’auteur de 130 marathons termine l’entrevue en précisant qu’il n’a plus d’objectif de nombre de marathons à atteindre. Le seul chiffre significatif pour lui dans le futur sera celui de l’âge le plus lointain possible où il pourra se rendre comme coureur… Il a une valeur primordiale, celle de prendre soin de lui par la course, l’activité physique et tout ce que cela implique de saines habitudes de vie et de belles amitiés.

«Avec ma conjointe qui m’encourage beaucoup, je suis maintenant végétarien depuis 98-99 et je crois que ça m’a aidé, tant à réaliser de bons temps de courses qu’à persister au fil des ans. En 1999 à 52 ans, j’ai fait deux fois 3h 07, à Boston (mi-avril) et à Ottawa, quelques semaines plus tard, et 3h05 à Québec, à la fin août.»

Merci Claude et souhaitons que tu puisses encore longtemps servir de modèle, tant à St-Vallier que partout où tu auras l’occasion de continuer d’user tes chaussures de course…

Jean-Claude Drapeau pour Courir.org

jeanclaudedrapeau@yahoo.fr

Tiré du Journal Courir à Montréal #146 avril 2013

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