Faire plus avec moins par Richard Strasbourg ⋆ Courir.org

Faire plus avec moins par Richard Strasbourg

Publié le 24 mai 2019

Témoignage

Après la publication de ma dernière chronique , j’ai reçu ce témoignage inspirant:

Bonjour Monsieur Strasbourg,

Je viens de lire votre article et j’ai eu le goût de vous partager de ce qui m’est arrivée pour peut-être encourager quelqu’un. Voici en gros mon histoire. Un ami m’a fait découvrir la course l’an dernier en mai. J’ai tellement adoré que nous avons commencé à participer à quelques courses de 5 km. En septembre nous avons participé à la fun race de Victoriaville. À la moitié du parcours je me suis blessée (fracture et déplacement de la hanche). Direction l’hôpital. Ma première question rendue à l’hôpital: est-ce que je vais pouvoir recourir, réponse du médecin; non. J’ai été opéré d’urgence. Le médecin m’a dit qu’à 51 ans c’est la pire âge car on ne veux pas remplacer la hanche si possible. Chanceuse dans ma malchance, le médecin a pu replacer ma hanche de l’extérieur et m’a installé 3 vis pour la fracture. J’étais tellement atterrée de ne plus pouvoir courir, je venais de découvrir un sport qui m’apporte beaucoup et je devais arrêter . Non pas moi j’ai une tête dure et je me suis dit qu’un jour je pourrai courir de nouveau. J’ai suivi à la lettre les indications du médecin et de ma physiothérapeute. Avec les mois qui ont passé le discours du médecin a changé un peu, « peut-être que tu vas pouvoir courir « . Aujourd’hui je m’entrainement à la marche rapide (entraînement de 5 km) ainsi qu’au gym. Le 11 juin prochain je devrais avoir mon ok du médecin pour recommencer l’entraînement de la course et mon objectif est de courir le 5 km de la course du Bois de Belle-Rivière en octobre.

J’espère que vous pourrez en parler dans une de vos chroniques et que cela pourra donner un peu d’espoir à quelqu’un.

Merci de m’avoir lu.

Bonne journée!

Lyne De Coene

Merci Lyne. Ce témoignage me touche beaucoup, même si je n’ai jamais moi-même traversé une épreuve semblable.

Au fil des années à côtoyer des coureurs et coureuses (bientôt 22 ans) et à recevoir des témoignages de passionnés de la course, je me rends compte qu’il y a un certain fossé entre la science médicale et la nature humaine. Surtout au moment de décider quoi faire quand on nous dit qu’on ne pourra plus courir ou même marcher, après un accident ou une grave maladie.

Après tout, il y a des coureurs qui courent avec une seule jambe ou même sans jambes, grâce à la science. Je suis certain que s’ils ont posé la question à leur médecin, on ne leur a pas dit : « oui, pas de problème, tu vas courir dans le temps de le dire! » Pensez-y!

Je réalise aussi que le fossé peut être réduit ou éliminé, comme dans le cas de madame De Coene, qui a convaincu son docteur, par ses actions et ses progrès, de considérer la possibilité de lui donner son accord pour recommencer à courir. Qui sait, cette expérience lui servira peut-être avec de futurs patients dans des situations semblables.

Bien sûr, il y a de ces histoires où le patient est juste parti en claquant la porte, sans jamais regarder en arrière et il y en a d’autres où les deux ont travaillé ensemble, en gardant un esprit ouvert et en collaborant pour que personne ne brûle les étapes.

Le docteur ou la docteure penche naturellement vers la prudence et la santé globale, à long terme, je crois. Sa relation personnelle avec l’activité physique influence peut-être aussi son discours avec ses patients. Il y a des docteurs au mode de vie sédentaire qui fument et qui n’ont pas une alimentation équilibrée après tout. Ça existe, à moins que je ne sois complètement dans le champ. D’une manière ou d’une autre, ils doivent se fier à la science, qui est elle-même toujours en mouvement.

Je n’ai aucune formation médicale ou scientifique mais, selon moi, le côté humain dans tout ça est très important. Quand on commence à courir, comme après une blessure, il est important je pense, d’être patient, ce qui n’est pas nécessairement la plus grande qualité des adeptes de notre beau sport. En d’autres termes, on a souvent tendance à avoir la tête dure.

On est capable de suivre un programme d’entraînement et de nutrition à la lettre, mais on saute parfois le chapitre sur la patience.

Des fois, on se dit qu’on peut passer par-dessus la douleur ou une étape de notre progression et continuer notre chemin, ce qui peut amener à vivre des situations encore plus graves mai aussi, parfois, on réussit à traverser tout ça sans rien aggraver. Et peut-être que ces moment-là nous donnent l’impression d’être forts, voir même invincibles.

Enfin, peut-être aussi que tout ça est une question d’équilibre entre la tête et le cœur. On veut continuer à faire ce qu’on aime mais des fois, on a besoin de la science pour permettre à notre corps de suivre.

Ça fait beaucoup de peut-être ça.

Je termine donc en vous invitant à travailler sur votre patience, votre équilibre cœur-tête et à continuer à partager vos expériences avec Courir.org et aussi avec vos amis coureurs et coureuses. Ça les aidera peut-être à prendre la bonne décision, s’ils ont à le faire un jour.

Bonne route.

Richard Strasbourg pour Courir.org

rstrasbourg@hotmail.com

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