Faire plus avec moins par Richard Strasbourg

Publié le 23 avril 2019

Escaliers: en attendant le vrai printemps

Depuis le début du mois de février, je profite d’un accès illimité et gratuit à un beau grand gym, gracieuseté d’un de mes employeurs, situé au centre-ville de Montréal.

Avec une situation géographique presque parfaite pour mes déplacements liés au travail, il est la réponse à toutes les questions que je me posais depuis le début de l’hiver. C’est-à-dire, comment je vais continuer à marcher des dizaines de kilomètres par semaine avec le froid, la glace et la neige? Aussi : comment je vais continuer à m’entraîner, alors que mon horaire de travail se remplit à grande vitesse? Et enfin, comment je vais atteindre mes objectifs de course si je ne peux presque jamais courir ?

Ainsi, voilà qu’au vingtième étage d’une grande tour à bureaux, les portes du ciel (ou de l’enfer, ça dépend comment on aime ses entraînements !) se sont soudainement ouvertes pour moi, en plein cœur de l’hiver.

Routine

Toujours est-il qu’après deux mois d’elliptique, de tapis roulant et de vélo stationnaire, je commençais à me demander combien de temps je pourrais continuer avec cette routine. J’aurais pu en faire plus à chaque visite ou aller plus vite, augmenter l’intensité, ce que j’ai fait, mais comme je me trouvais entre deux engagements professionnels, le temps que je pouvais passer au gym restait quand même limité. Je devais aussi me garder un peu d’énergie pour la suite de ma journée et le retour à la maison en auto habituellement une soixantaine de minutes. Cela-dit, j’ai aussi repris la boxe (sac) et la corde à sauter pendant que j’étais tout là-haut, question de varier les plaisirs et de travailler sur la force et l’agilité. Ça me manquait tout ça.

Puis, pour remédier encore plus à l’ennui, j’ai changé la routine en faisant des allers-retours entre le rez-de-chaussée et le sommet de la tour, une fois par semaine. Des escaliers, des vrais, et pas une machine qui imite les escaliers.

La première fois, j’ai compté 408 marches du trottoir à mon sanctuaire vitré au vingtième ciel, où je fais une courte pause pour boire de l’eau et reprendre mon souffle, avant de redescendre en enfer, même si la descente n’est rien, comparée à l’ascension. Faut voir l’expression des gens qui me voient entrer, déjà essoufflé, et repartir quelques secondes plus tard, sans faire aucun exercice! Plus courte visite au gym de l’Histoire de l’humanité! Ha! Ha! Ha!

Bien sûr, je ne vous recommande pas ça si vous avez les articulations fragiles et certainement pas trop souvent, même si vous avez des genoux de super-héros ! Disons que c’est une routine assez brutale.

Monotonie

Seul, dans les entrailles de cette tour, tout est gris, sauf l’escalier qui mène au gym qui est peint d’un jaune éclatant, et je ne croise presque jamais personne dans mes allers-retours. Étrangement, j’y trouve une certaine paix.

À part d’occasionnelles et lointaines conversations sur les étages, c’est une sorte de refuge étrangement paisible où je suis hyper-conscient de ma respiration et de mes efforts.

À chaque palier j’alterne entre des montées lentes et d’autres plus rapides. Je gravis aussi une ou deux marches à la fois, en faisant des combinaisons avec tout ça. Je reste quand même prudent, vu le risque, évident, de blessure, mais je me lance un défi de rajouter un aller-retour à chaque semaine, au moins jusqu’à ce que je puisse retourner courir dehors.

L’édifice en question étant situé près du Mont Royal, il me sera alors possible de prendre la rue Peel ou une rue parallèle et de faire mon chemin vers le sommet de la montagne, ce qui devrait être un peu plus intéressant et motivant. En attendant, je visualise tout ça dans ma tour infernale !

Enfin, quand je peux, je continue à arpenter ma belle campagne, en attendant le retour du vrai printemps et de l’été.

Je garde aussi en tête mon défi de cinquante kilomètres pour mes cinquante ans, en 2021. Prochaine grande étape : 20 kilomètres de sentier pour l’arrivée officielle de l’été.

Bon printemps, chers lecteurs et lectrices.

Richard Strasbourg pour Courir.org

rstrasbourg@hotmail.com

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