Faire plus avec moins par Richard Strasbourg

Publié le 21 juin 2017

Rétro vision: 24 heures de TM

Après avoir décidé de ne pas chercher à participer à des événements organisés en 2017, les 20 et 21 mai, à la polyvalente Thérèse-Martin de Joliette, j’ai participé aux 24 Heures de TM, au profit de la Fondation Charles-Bruneau. La vie est comme ça parfois.

Il s’agissait simplement de courir une distance de 5 km autour d’une piste 5 fois en 24 heures. J’ai fait des choses un peu étranges comme coureur dans le passé, mais c’était la première fois que je campais sur le gazon d’une école secondaire.

En fait, l’histoire de cette course a commencé pour moi à la polyvalente, dans les années 80, et s’est poursuivie en 2008, lors d’une soirée de retrouvailles pour les 20 ans de ma graduation du secondaire.

Lors de ces retrouvailles, j’ai revu plein de gens avec lesquels je n’avais pas eu beaucoup de contacts pendant mon adolescence. Je dois dire que j’étais très timide et très peu actif, physiquement et socialement, pendant ces années.

Toujours est-il que, presque 30 ans plus tard, je me suis retrouvé avec une équipe de gens qui avait une idée plus ou moins claire de qui j’étais et probablement très vague de qui j’étais devenu.

Évidemment, j’avais décidé de mettre un peu de course à reculons là-dedans, mais sans m’engager à parcourir 25 km de cette façon. C’est donc samedi en début d’après-midi que cette aventure a commencé et même s’il faisait un peu chaud, tout s’est bien passé, et 35 minutes plus tard, j’étais de retour au campement.

Là, j’ai pris le temps de faire connaissance avec tout ce beau monde, expérience fort agréable. Surtout qu’il y avait au moins une personne dans ce groupe qui m’avait connu dans mon enfance, période pendant laquelle je passais mon temps à essayer de disparaître.

Avec ces années difficiles loin derrière moi, courir à l’envers était probablement la façon la plus sûre de ne pas disparaître dans la foule de coureurs et coureuses qui accumulaient, chacun à leur manière, les tours de piste pour aider les enfants malades.

Juste avant le départ de ma seconde course à reculons, j’ai eu une belle surprise: ma copine Sonia est venue m’encourager et rencontrer tout ce beau monde. Conséquemment, j’ai parcouru la distance plus rapidement qu’au premier tour.

La troisième étape était une toute autre histoire, vu qu’elle se déroulait dans le noir et au froid, le mercure ayant commencé à dégringoler en début de soirée et qu’il était environ 22 heures 30. Nous avions aussi perdu la plupart de nos supporteurs avec ce changement pour le moins drastique.

Considérant la probabilité de ma casser la gueule et peut-être aussi celle de quelqu’un d’autre si je courais à reculons, je décidai d’y aller par-devant et d’y mettre un peu plus de pep, vu que la prochaine étape consisterait à faire un petit dodo et que je suis habituellement au lit depuis longtemps à cette heure.

Sans trop y penser, j’ai adopté une cadence d’enfer mais étrangement confortable pour cette étape. Je courais contre le froid, pour gagner mon dodo et le confort de mon campement au plus vite.

Je ne me souciais pas du temps mais, selon les dires de mes coéquipiers, c’était très rapide. Peu importe.

Une fois changé et sans trop me soucier de faire des étirements, j’étais couché et je dormais comme un bébé. Je ne vous recommande pas ça comme «cool down».

Au lever du soleil, c’était déjà le temps d’y retourner pour la quatrième étape, par-devant aussi, et dans une sorte d’état méditatif et contemplatif. J’avais l’impression d’avoir changé de saison ou carrément de planète, vu que tous ceux qui ne couraient pas étaient enveloppés de leurs sacs de couchage ou en pyjama.

Aucune idée du temps, mais définitivement moins rapide.

Le tout s’est terminé avec une dernière étape en équipe, en alternant marche et jogging et en jasant entre nous et les coureurs et coureuses des autres équipes.

En fin de compte, tout ça s’est fait comme un voyage dans le temps, une mise à jour pour le coureur et l’homme que je suis devenu, par rapport à celui que j’étais et par rapport à celui que je veux devenir.

Je suis content de voir le chemin parcouru et que d’autres puissent aussi en être témoins. Depuis quelques années, je pense plus souvent à mon âge, aux choses que j’ai accomplies dans le passé et il m’arrive de me demander si je me laisse aller, athlétiquement parlant. Difficile parfois de prendre du recul dans ces moments-là.

Je vous souhaite à tous et à toutes un bel été avec plein de belles aventures qui aideront votre corps et votre coeur à continuer de faire son chemin, peu importe la destination et à quelle vitesse vous avancez pour y arriver. Et oui, même si, de temps en temps, vous faites quelques pas en arrière ou que vous jetez un regard par-dessus votre épaule, tant que vous profitez du moment présent et que vous continuez d’avancer.

Richard Strasbourg pour Courir.org
Courriel: rstrasbourg@hotmail.com

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