Demi-marathon des glaces 2015

Publié le 19 mars 2015

Toujours plus loin par Mathieu Gagnon: Courir l’hiver n’a jamais goûté aussi bon !

Il était tombé une petite neige la veille de la course, le 22 février, rendant les paysages autour de la petite municipalité d’Ange-Gardien parfaitement blanc, mais rendant aussi l’autoroute 10 propice aux sorties de route (j’en ai vu 3 en chemin !). Au moins, le froid mordant des derniers jours avait lâché prise et j’avais hâte à mon premier demi-marathon hivernal.

À mon arrivée au village, après avoir suivi les directions, je me retrouve stationné à quelques minutes de marche de l’aire de départ. Parfait ! La remise des dossards, à l’intérieur de l’école, se déroule rapidement malgré une forte présence de coureurs, qui semblent rester là pour se garder au chaud avant le départ. Pourtant, il ne fait que -5 degrés à l’extérieur et un grand chapiteau chauffé est également mis à notre disposition. Les organisateurs ont pensé à notre confort ! L’animation sur le site est parfaite, mais je préfère malgré tout aller faire mes échauffements à l’écart, comme à mon habitude.

Un petit truc pour ceux et celles dont ce serait la première course hivernale : épinglez votre dossard sur un t-shirt que vous enfilerez par-dessus votre coupe-vent afin d’éviter de le trouer.

Quelques minutes avant le départ du demi à 9 h, je rejoins Joan Roch, un ami coureur qui fera le lapin de 1 h 30. Mon plan de match est de courir à ses côtés pour la première moitié de la course, puis de réévaluer ma vitesse par la suite. Même si je compte plusieurs demis plus rapides à mon actif, je sais que ma forme n’est pas optimale cet hiver. J’ai quelque peu négligé mes entraînements ces derniers temps, pour toute sorte de raisons. Je trouve toujours ça plus difficile l’hiver de concilier travail, famille, enfants, amis, loisir et entraînement. Quand la météo devient trop extrême à mon goût, l’entraînement prend le bord !

Le départ est donné et quelques gazelles s’élancent à la poursuite des bourses offertes aux premiers, une nouveauté bienvenue pour les courses gourmandes. Les 2-3 premiers kilomètres se déroulent dans les rues de la ville où de nombreux spectateurs nous encouragent. Malgré la surface 100 % enneigée, l’effort est facile et la jasette avec Joan sur nos entraînements respectifs pour aller et revenir du boulot à la course va bon train. Mais une fois engagé sur le chemin Casimir, une belle ligne droite de plus de 7 km fermée à la circulation, j’entre un peu plus en mode contemplation. Les champs de part et d’autre de la route sont blancs et silencieux. Rien ne semble les perturber ce matin, à l’exception des quelques postes d’eau et de boisson X1 tenus par de généreux bénévoles. Merci, votre chaleur est toujours appréciée, et je n’oublie pas de leur dire !

Vers le 6e km, surprise : la première femme vient de se joindre au groupe de Joan. On est donc maintenant 5 à filer à vive allure sur la neige blanche et on l’encourage à rester avec nous. Garder le rythme est toujours plus facile en gang ! On perd quelques secondes le kilomètre, mais rien de majeur. Au 9e km, on passe à côté d’une ferme qui élève je ne sais quoi, mais dont l’odeur s’apparente peu à la rose ! Une petite côte se dessine alors devant nous et je prends quelques mètres de retard sur le groupe. Je sais que je vais les rattraper une fois arrivé en haut, mais un doute s’installe en moi. Et si j’avais perdu plus d’endurance que je ne le pensais ?

La première fille semble aussi décrocher du groupe et je décide de rester avec elle plutôt que de pousser pour rattraper Joan. Elle m’avoue être partie un peu trop vite et je l’encourage à s’accrocher à ma foulée. À deux, on peut le réussir, ce demi ! Elle me dit de partir faire ma course, mais je donne déjà mon 100 %. Je crois bien qu’on est de la même force aujourd’hui ! À chaque borne kilométrique que l’on passe, j’essaie de l’encourager un peu. Joan et ses deux acolytes demeurent quelques secondes devant nous. Qui sait, on arrivera peut-être à les rattraper.

Après 14 km, on tourne maintenant sur le rang Saint-Georges, dernière longue ligne droite avant le retour dans le village d’Ange-Gardien. Personne n’est derrière nous. Alors que je courais sans mes gants depuis quelques kilomètres déjà tellement j’avais chaud, voilà que je les remets aussitôt. Je me serais bien passé de ce petit vent de face pour terminer. Je m’assure de bien bloquer le vent à ma partenaire alors qu’on enchaîne les kilomètres en silence. Ni elle ni moi n’avons l’énergie de parler en ce moment. Si mes projections sont bonnes, on devrait le finir en 1 h 32.

Vers le 18e km, alors qu’on se joint au flot de coureurs plus lents du 10 km, je casse. Ou devrais-je plutôt dire on casse, puisqu’elle reste à mes côtés malgré mes encouragements pour qu’elle continue sur la lancée. Bizarrement, un groupe de coureurs nous dépassent, dont une fille. Font-ils partie des coureurs du 10 km ou ont-ils réussi à nous rattraper ? Je suis tellement crevé que je n’arrive pas à y voir clair. Je retrouve un semblant de vitesse et j’ai au moins la lucidité de me présenter à celle que je tire depuis une douzaine de kilomètres.

Elle s’appelle Mélanie et semble plus pressée que moi d’en découdre avec la ligne d’arrivée, alors je la laisse filer dans le dernier demi-kilomètre. Je n’ai plus de jambes de toute façon, les routes enneigées ayant finalement eu raison de moi. J’entends alors le présentateur annoncer l’arrivée de la première fille du demi-marathon… ainsi que Mélanie en 2e place. Ah non ! ! ! Je sais qu’on a donné tout ce qu’on avait, mais c’est plus fort que moi : ça me désole autant que si je venais de perdre la course ! Je la retrouve pour la remercier de sa compagnie et elle en fait autant. Elle est nouvelle sur le circuit des courses sur route et aime beaucoup cette entraide spontanée qui naît entre les coureurs. Ça fait plaisir ! C’est un peu pour ça aussi que j’aime m’inscrire à des courses : pour me mesurer aux autres et pour ne pas toujours courir seul.

Le lunch d’après-course est diversifié et me redonne de l’énergie : orange, banane, soupe chaude au riz et aux légumes, fromage, gâteau et plus. Miam ! Il y a même un kiosque qui offre du cidre de pomme chaud dans un thermos. Ça se prend très bien comme cadeau, merci ! Vraiment, les courses gourmandes ont le don de combler l’appétit des coureurs ! Il s’agit de ma première participation à l’une de ces courses et sûrement pas de la dernière !

Site web officiel : lescoursesgourmandes.ca

Mathieu Gagnon pour Courir.org
Courriel : gagnon.mathieu@gmail.com

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