Heureux d’un (d’une sorte de) printemps
Retourner jouer dehors
Lorsque le printemps arriva, je suis retourné courir dehors, pour la première fois depuis l’automne dernier.
Sans montre, sans musique et sans prétention, j’ai repris la route après ma visite matinale au gym.
Il faisait trop beau pour ne pas en profiter et je m’étais donné congé de course depuis la première neige en 2022. Restait quand même le tapis roulant et les autres machines, bien sûr. J’ai quand même apprécié les levers de soleil dont j’ai été témoin à travers les grandes vitrines du gym. Beau plaisir que de courir en short et de pouvoir admirer ce spectacle à volonté et au chaud.
Toujours est-il que cette première sortie, qui consistait en trois boucles d’un kilomètre, dans mon quartier, m’a donné l’occasion de reprendre contact avec les surfaces et avec le jeu de sauter de l’une à l’autre, en zigzaguant entre les obstacles sur mon chemin.
Gazon, béton, bouette, arbustes, asphalte, poubelles, gravelle, flaques, gazon, béton, poteaux, piétons…
Plus tard dans la même semaine, j’ai carrément laissé faire le gym et je suis allé voir un petit secteur résidentiel en développement tout près de chez moi: récente transformation de terres agricoles en complexe d’appartements.
Changement de surface et de réflexion: humains vs. nature.
Rituels
Depuis que je me suis abonné au gym en 2021, j’essaie à chaque sortie de course, de passer devant, sans trop savoir pourquoi. Peut-être pour me rappeler que j’ai encore cette liberté d’aller trouver mon chemin vers la santé et la forme, en dehors de ces murs et sans toute la quincaillerie. Peut-être aussi que c’est juste pour apprécier un peu plus ce retour à la simplicité: pas de programme spécifique, pas vraiment de limites géographiques, pas d’attente, pas d’abonnement etc.
Autre rituel: avant de partir, je pose toujours des gâteries pour chat sur les tablettes du parcours à obstacles que j’ai créé pour ma chatte Lily. C’est une routine d’exercice pour la gardienne des lieux. Impossible de partir ou de revenir sans se soumettre à ce rituel, créé pour remédier à des comportements agressifs. La santé mentale, c’est pour toutes les créatures animées après tout, et à chacun ses outils pour y arriver.
Calendrier
Comme mon horaire de travail change souvent, j’ai un gros calendrier en papier accroché au mur sur lequel je note chaque quart de travail avec un marqueur noir à pointe fine et aussi chaque entraînement avec un plus gros marqueur de couleur. Ainsi, chaque fois que je passe devant, il me rappelle d’un coup d’œil si je maintiens une certaine discipline ou si je me laisse un peu aller, ce qui n’est pas toujours nécessairement une mauvaise chose. Question d’équilibre.
En plus, si je n’ai pas ce rappel de mon horaire de travail, j’ai de bonnes chances d’oublier un cours ou un rendez-vous important et puis ça me motive de voir le calendrier prendre des couleurs pendant le mois.
Je n’ai rien contre la technologie, mais je préfère les outils plus simples, quand c’est possible.
Vieille école, mais presque sans faille. Jamais besoin de recharger.
Cours, Richard, cours!
Pendant la première semaine de mai, j’ai développé une douleur au poignet, ce que j’ai interprété comme un signe qu’il était peut-être temps de laisser les haltères de côté et d’être un peu plus sérieux avec la course.
Et puis, après quelques jours de repos et de nombreuses séances d’étirements j’ai rajusté le tir avec un nouveau programme de musculation inspiré de l’âge de bronze du culturisme: des charges plus légères mais plus de répétitions. Gracieuseté de Monsieur Eugen Sandow.
Dimanche le 7 mai, après une semaine plutôt grise et pluvieuse, je suis sorti dehors et j’ai pris le rang sur lequel j’habite, avec comme objectif de faire un aller-retour de 8 kilomètres.
Cet aller-retour devait m’amener à un carrefour avec une belle lumière rouge clignotante au centre: un vrai stop de campagne. Cette lumière, que je peux apercevoir, comme un navire (chaloupe? kayak?) suivant la lueur d’un phare est parfois rassurante et parfois déprimante (elle semble souvent ne jamais vraiment se rapprocher). C’est un repère important. Je connais par-cœur la distance entre mon chez-moi et ce carrefour: 3,75 km.
Ainsi, alors que je m’en rapprochais, l’idée faisait son chemin dans ma tête, de continuer au-delà de ce point où j’avais prévu faire demi-tour.
Je me sentais très bien et je voulais profiter du beau temps, qui se présentait par petites doses en mai, incluant même un bref retour de la neige.
Ainsi, comme je ne portais pas de montre, une fois la décision prise de continuer et exécutée, je devais donc atteindre mon prochain repère: un poteau qui portait autrefois une enseigne souhaitant la bienvenue dans notre municipalité. Le poteau est toujours là, indiquant pour moi cinq kilomètres et 14o0 mètres avant la fin du rang.
Je me suis donc gardé une petite gêne et j’ai rebroussé chemin, en me disant que je devrais probablement faire une petite pause forcée, assumée et appréciée pour laisser passer les voitures à l’un ou l’autre des carrefours sur le chemin du retour.
Et puis je me suis mis à penser à des scénarios de vacances pour la fin de l’été, dans ma bulle, ce qui n’est pas forcément une bonne chose, entre le fossé et la route de campagne sur laquelle les limites de vitesses sont souvent considérées comme des suggestions. Heureusement, il n’y a pas grand monde là le dimanche matin.
Cette semi-absence a fait en sorte qu’au moment d’en sortir, j’apercevais déjà un autre repère important: le seul feu de circulation (moderne et complet) du rang et, plus je m’en rapprochais, plus je souhaitais pouvoir y faire une pause forcée, pour laisser passer une circulation exigeant, celle-là, toute mon attention.
Mais, en ce beau dimanche ensoleillé, au beau milieu de nulle part, à environ un kilomètre de chez moi, le destin en avait décidé autrement et le feu changea au vert au moment exact où j’arrivais à l’intersection.
Continuant à trotter, en pensant à vous écrire quelque chose sur le mot en j: jogging (peut-être plus tard), je délaissai les accotements sablonneux pour retrouver les trottoirs de mon quartier.
Mais comme l’aurait peut-être dit un personnage fictif bien connu des coureurs: comme j’étais déjà allé aussi loin, je me suis dit que je pourrais bien continuer.
Ainsi, je suis passé devant mon petit logis sans m’arrêter, pour terminer ma course quelque part entre 10 et 11 kilomètres, en plein devant le gym.
Une petite tape sur le panneau au-dessus de la borne-fontaine pour marquer l’occasion et, c’est tout ce que j’ai à dire là-dessus!
Juin
Le 4 juin, ma copine avait décidé de se joindre à moi sur son vélo et nous avons donc parcouru une quinzaine de kilomètres ensemble, par un dimanche plutôt frais et ensoleillé.
Ça nous a permis de reprendre nos habitudes et nos rituels, tranquillement.
Une semaine plus tard, un dimanche clairement plus chaud m’a fait travailler un peu plus que prévu pour conquérir mille mètres supplémentaires, mais toujours en bonne compagnie.
Classique
Dimanche le 18 juin, fête des pères, c’était la date que je m’étais fixé pour ma classique annuelle: 20 kilomètres et plus…
Cette année, je prévoyais couvrir la distance entre notre appartement et la maison de mes beaux-parents, pour la première fois, vus qu’ils ont emménagé dans cette nouvelle demeure l’année dernière.
Je devais donc rajouter quatre kilomètres en une semaine, mais je comptais aussi prendre mon temps, sachant que, passé un certain point de non-retour, je devrais atteindre ma destination, d’une manière ou d’une autre.
C’est à dire que quelque part à mi-chemin, je devrais parcourir la même distance pour y arriver que pour revenir chez nous.
Chicken!
Finalement, vu le risque de pluie, je me suis un peu dégonflé pour mon grand aller-simple vers la maison de mes beaux-parents.
Ma copine et moi avons quand même parcouru 14 kilomètres dans notre quartier, transformant ainsi mon défi du printemps en défi de la St-jean.
Il n’y a pas eu une seule goute de pluie toute la journée…
On s’en reparle bientôt.
Bon printemps!
Richard Strasbourg
pour Courir.org
rstrasbourg@hotmail.com